Steve MacMillan est prudent car le marché boursier américain est d’humeur baissière

Le gestionnaire du Fonds Fidelity Petite Capitalisation Amérique, coté Or, cherche des sociétés qui ont des flux de trésorerie élevés et durables et un excellent rendement des capitaux propres, grâce à de forts avantages concurrentiels.

Michael Ryval 20 décembre, 2018 | 6:00
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Bien que le marché boursier américain soit d’humeur baissière depuis des mois, Steve MacMillan, spécialiste des actions américaines auprès de la société torontoise Fidelity Investments, est prudent depuis quelque temps. Il cherche patiemment des occasions d’achat pour positionner le fonds coté Or Fidelity Petite Capitalisation Amérique F (2,5 milliards $ d’actifs sous gestion) pour le prochain rebond.

« Ce fonds est généralement positionné de façon plus prudente et cherche toujours des corrections sur le marché », dit M. MacMillan, un gestionnaire de portefeuille qui a pris la direction de ce fonds en avril 2011. « Plutôt que préconiser une mise sur le marché, cette stratégie a davantage à voir avec la préservation du capital. Ces quelques six mois, je me suis débarrassé des fonds qui étaient devenus trop chers ou dont l’évaluation présentait des risques, ou qui étaient plus sensibles à la conjoncture économique. Aux marges, j’ai ajouté certaines firmes de services aux collectivités et certaines fiducies de placement immobilier (FPI). Toutefois, si l’on examine la rotation du fonds, elle est d’environ 20 % par an », dit-il.

« Ce n’est pas que je me réveille tous les jours en me disant qu’il faut que je change totalement ma manière de procéder », dit M. MacMillan, 18 ans de service dans l’industrie, qui a obtenu son Baccalauréat à l’Université Wilfrid Laurier en 2000, puis est entré à Fidelity comme analyste bancaire en 2008. « Cette faible rotation me force vraiment à penser comme un investisseur à long terme, et cela me permet d’ignorer l’indice de référence. »

Ce produit 5 étoiles a pour indice de référence le Russell 2000 (en $C), mais son portefeuille concentré d’environ 50 actions n’a aucune ressemblance avec l’indice. Pendant la plupart des périodes, il a surclassé l’indice, notamment les 12 derniers mois (au 10 décembre), pendant lesquels il a enregistré un rendement de 8,87 %. Au cours de la même période, l’indice a été stagnant.

Actuellement, M. MacMillan détient environ 16,5 % en liquidités, mais il n’est nullement pressé de les investir. Il concède que le marché n’est pas outrancièrement cher, puisqu’il se négocie à environ 16 fois les bénéfices, c’est-à-dire proche de la moyenne à long terme. « Mon souci premier, ce sont les bénéfices. Si l’on examine l’indice S&P 500, le total des bénéfices de 2012 à 2016 oscillait autour de 110 $US par action. Les bénéfices attendus pour l’année prochaine sont de près de 180 $US par action. Sur une période de trois ans, on s’attend à une croissance des bénéfices de 68 %. Pour moi, ce chiffre ne peut pas être maintenu. Nous atteignons le sommet du cycle des bénéfices. »

La robuste économie américaine, où le chômage est à son plus bas niveau, a été marquée par une série de hausses de taux d’intérêt qui commencent à avoir un impact. « Les biens de consommation durable, comme les maisons et l’automobile, sont en voie de connaître un renversement de tendance, et les ventes de chuter », dit M. MacMillan, ajoutant que la hausse du prix des maisons a fait baisser les chiffres d’accessibilité à ces dernières. « On a eu une économie très forte, et une politique monétaire souple. Ensuite, en 2018, on a eu des mesures de stimulation fiscale en réduisant l’imposition; il en a résulté une hausse importante des bénéfices des sociétés du S&P 500, combinées à beaucoup de rachats d’actions par beaucoup de multinationales. »

M. MacMillan croit que la concurrence va s’intensifier dans des secteurs comme la vente au détail et les services bancaires régionaux, qui pourraient bien connaître une baisse des revenus et des marges bénéficiaires. « Dans l’économie en général, on assiste à un ralentissement de la croissance des revenus, des pressions sur les coûts et des hauses de taux. Beaucoup de sociétés ont dépensé beaucoup d’argent en 2018 en investissements lourds, mais au fur et à mesure du ralentissement de l’économie, beaucoup de ces investissements vont diminuer, dit M. MacMillan. Pour moi, la prudence s’impose quant aux bénéfices. Voilà pourquoi je me concentre sur des secteurs comme les services aux collectivités, les FPI et les biens de consommation courante. Les pires domaines du marché sont les biens de consommation cyclique comme les valeurs industrielles, les matériaux et l’énergie. »

Bien que M. MacMillan ait une perspective descendante qui sous-tend sa prudence, c’est principalement un investisseur ascendant. « Quand j’examine un domaine d’activités cyclique, par exemple, il faut que je fasse attention à l’étape où se trouvent les sociétés concernées dans le cycle des bénéfices. Cette approche se combine bien avec la perspective macroéconomique. »

Il est difficile de déterminer combien de temps cette période haussière peut durer. « D’un point de vue économique, il faudra peut-être deux ou trois ans pour que l’on voie l’ampleur réelle du ralentissement, et la récession et l’accélération qui suivront, dit M. MacMillan. Du point de vue du marché, ces données pourraient être intégrées aux cours des six à 12 mois. Ensuite, en 2019, de bonnes occasions se dessineront pour mettre les liquidités à contribution et acheter des participations à d’excellentes entreprises. » En tant que gestionnaire qui rencontre la direction d’environ 500 sociétés par an, il note qu’alors que le marché continuera à danser d’un pied sur l’autre, les occasions d’achats devraient augmenter.

D’un point de vue stratégique, M. MacMillan cherche des sociétés qui ont des flux de trésorerie élevés et durables et un excellent rendement des capitaux propres, grâce à de forts avantages concurrentiels et une visibilité de leurs bénéfices, et dont les actions se négocient à de faibles évaluations.

Un avoir représentatif dans le portefeuille est Grand Canyon Education, Inc., (LOPE) une organisation établie à Phoenix (Arizona) qui gère une université en ligne et dans des locaux réels pour environ 90 000 étudiants. « Elle offre une éducation qui coûte environ la moitié d’autres universités extérieures à l’état. Les étudiants sont beaucoup moins endettés quand ils en sortent, et ils trouvent du travail et de bien meilleurs débouchés, dit M. MacMillan. Essentiellement, c’est une organisation à but lucratif qui concurrence des institutions qui ne le sont pas et qui sont bien moins efficientes. Elle fournit un meilleur service à un meilleur prix. »

L’action n’est pas bon marché, à 24 fois les bénéfices. « Toutefois, ses bénéfices dépassent les 13 % et ne cessent d’augmenter. Ce sera une entreprise beaucoup plus grande dans cinq ans. »

Une autre action favorite est Hanesbrands, Inc., (HBI), chef de file dans la fabrication d’articles vestimentaires comme les chaussettes et les tee-shirts. Cet avoir, qui est en portefeuille depuis longtemps, s’est récemment sous-classé, mais M. MacMillan pense que l’action, qui se négocie à environ 15 $US par part, devrait connaître une reprise.

« Ma thèse porte sur la capacité de la gestion à générer 2,25 $ par part de flux de trésorerie disponibles en 2020. C’est une société qui jouit de bénéfices extrêmement stables à cause du caractère récurrent de ce secteur d’activités », dit M. MacMillan, qui ajoute que la marque Champion de la société connaît une croissance d’environ 30 % par an. « Cette entreprise devrait connaître des résultats positifs. »

Pour l’avenir, M. MacMillan reconnaît que les rendements seront plus bas que dans le passé. « Mais ce que j’essaie de faire, c’est de préserver ce capital et d’investir d’une façon prudente ajustée selon le risque. L’objectif n’est pas de maximiser les rendements sur une période donnée, mais de s’assurer que dans dix ans, nous aurons gagné de l’argent d’une manière raisonnée, tous risques pesés. »

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Valeurs citées dans l'article

NomValeurVariation (%)Cote Morningstar
Grand Canyon Education Inc131,94 USD-0,15
Hanesbrands Inc7,18 USD-4,14Rating

À propos de l'auteur

Michael Ryval

Michael Ryval  Michael Ryval, qui contribue régulièrement à Morningstar, est un auteur pigiste de Toronto se spécialisant dans les domaines du placement et des affaires.