Kevin McCreadie d'AGF sur la gérance des fonds

Le président et chef des investissements d'AGF discute de la décision de sa société de poursuivre sa relation avec F-Squared Investments.

Christopher Davis 29 juillet, 2015 | 5:00
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Cliquez ici pour voir la première partie de l'entrevue vidéo avec Kevin McCreadie d'AGF.

Christopher Davis : J'aimerais changer de sujet et parler d'AGF elle-même. Ce qui me semble le plus à propos est de parler des récentes nouvelles concernant F-Squared, qui est un sous-conseiller de la Catégorie alphasecteur actions américaines AGF. Je suis certain que vous êtes au courant de l'histoire, peut-être que tout le monde l'est, cette question de F-Squared a accepté un règlement de 30 millions $ avec la SEC aux États-Unis, admettant qu'elle avait fait plus qu'annoncer de faux rendements -- elle les avait inventés. Je me demande donc, étant donné ce contexte, à quel titre on devrait continuer à faire confiance à F-Square en tant que conseillère, ou sous-conseillère, de l'un de vos fonds?

Kevin McCreadie : En effet, je sais que les problèmes concernant F-Squared ont été bien documentés. La compagnie a utilisé les résultats obtenus par des tests rétroactifs en 2002. La firme est notre sous-conseillère depuis un an et demi maintenant. L'historique que nous utilisons en fait date d'après 2008, donc c'est un historique pertinent sur lequel nous avons basé notre analyse. Évidemment, dans le premier cas, nous n'étions pas encore bien renseignés, mais nous sommes rassurés que l'équipe de placement soit restée ensemble, et le soit toujours. La compagnie est en fait engagée dans un processus de vente et nous espérons que son capital se trouvera en meilleure posture. Mais c'est quelque chose que nous surveillons continuellement, comme nous le faisons pour tous nos sous-conseillers. Ce n'est pas seulement une affaire de rendement des placements, qui a abouti exactement au résultat attendu. Ça concerne aussi le processus, qui a été cohérent, et aussi, encore, l'infrastructure de la firme, et cetera, que nous continuerons à surveiller. Mais du point de vue des placements, 2008 et les années suivantes sont la période sur laquelle nous nous sommes concentrés et c'est un historique pertinent. Les produits ont accompli ce qu'on attendait d'eux.

CD : Ce que je veux dire, c'est que nous avons un historique relativement court sur lequel se fonder, et quand on pense à la qualité de F-Squared en tant que gérant du capital, il s'agit d'une violation assez flagrante de la confiance des investisseurs. Il est donc plutôt difficile de saisir pourquoi un investisseur pourrait vouloir continuer à faire confiance à cette firme.

KM : C'est vrai, nous avons la même opinion que vous, évidemment, de ce point de vue. Le fondateur de la société et directeur général a quitté la firme après que les allégations de la SEC ont été rendues publiques. Quelqu'un de très chevronné avait été recruté comme membre du conseil d'administration : un expert de l'industrie, une personne de très haute qualité et de très haut calibre. Nous étions donc assurés que les bons changements avaient été effectués au niveau de la direction. Et de nouveau, quand j'en viens à l'équipe des placements, qui en fait n'avait rien à voir avec les problèmes de marketing, elle a vraiment subi l'impulsion d'anciens cadres supérieurs qui ne sont plus là. Ils nous ont laissés dans une situation où, en fin de compte, nous avions une équipe et un processus (auquel, nous l'espérions, nous avions soumis notre clientèle) qui allaient atteindre les objectifs que nous avions établis. Mais je suis d'accord avec vous. Je n'aime jamais voir surgir ce genre de problèmes. Ils me font toujours réfléchir. Et si nous pensions au passé et en avions une vision claire, il y a toujours des décisions différentes à prendre. Mais je pense que nous avons fait la bonne analyse.

CD : Je pense que c'est la semaine dernière que F-Squared a déclaré faillite, et cette compagnie n'est donc pas l'entreprise la plus saine financièrement. Je sais qu'elle est mise en vente, mais elle n'offre pas le style d'environnement qui encourage les employés à y rester ou à recruter de nouveaux talents, ce qui entraînent souvent une perte d'argent supplémentaire et une situation encore plus intenable pour ceux qui restent. Qu'en pensez-vous?

KM : Nous avons été bien renseignés pendant toute cette affaire et continuons à faire nos recherches, que ce soit à partir des conclusions de la SEC durant tout le processus de vente ou dans le cadre du processus de vente pour protéger la firme des futures dettes résultant des agissements de l'ancien directeur général. Tout acheteur voudrait franchement se protéger de cette histoire et essentiellement mettre la firme dans ce qui est une faillite préemballée aux États-Unis dans le cadre de ce processus de vente. Contrairement à une faillite typique, voyez-vous, où une compagnie continue à fonctionner ou disparaît, le problème est davantage lié aux dettes futures, et cetera. Les équipes de placement, dans mon accord avec l'acheteur, ont été verrouillées, mais c'est quelque chose que nous continuerons à suivre comme nous le faisons pour tous les conseillers.

CD : Une dernière chose à propos d'AGF. Vous venez des États-Unis. Vous êtes étranger à AGF. Vous saviez évidemment où vous mettiez les pieds lorsque vous vous êtes joint à la compagnie. Par curiosité, qu'est-ce qui vous a le plus surpris depuis vos débuts?

KM : Pas grand-chose. Je sais que vous auriez probablement une réaction différente, mais je pense que la surprise a été de constater que le talent que je pensais y trouver existait vraiment. Nous avons beaucoup de travail à faire. Comme vous le savez, nous avons souffert de problèmes de placement ou de rendement il y a quelques années. Nous sommes bien engagés dans le processus de redressement. Si vous examinez nos chiffres à court terme, sur un an et sur trois ans, nous nous plaçons en gros au-dessus de la moyenne ou vers le milieu pour la plupart de nos fonds ou dans les quelque 50 % dans un cas comme dans l'autres. Cela va s'améliorer avec le temps car nous continuons à travailler dur.

Nous avons installé beaucoup de processus de contrôle du risque pour assurer cette constance que nous avons en tête, et en fin de compte nous avons fait en sorte que la firme se concentre à nouveau sur le client. Je pense que l'industrie -- et je veux souligner qu'il s'agit de l'industrie -- tend à perdre cela de vue. Nous nous sommes livrés à quelques exercices, à commencer par la base même de notre firme, pour commencer à avoir le client constamment à l'esprit. Dans le cadre du nouveau développement de produit que nous apporterons, nous essaierons de trouver une solution au besoin d'un client. Nous avons introduit un nouveau fonds mondial convertible cette année comme moyen de penser à notre stratégie de défense contre l'augmentation des taux, qui finira selon nous par arriver dans certaines parties du monde. Là aussi, nous essayons vraiment réorienter la firme autour de notions comme le risque, la stabilité des rendements, les solutions que nous devrions apporter et le souci du client. Voilà donc les points positifs sur les changements que nous avons pu effectuer, et j'ai pour ma part une vision à très long terme. Je suis ici pour longtemps. Je ne me laisse donc pas prendre par le caractère éphémère de certaines choses.

CD :Je pense que c'est vraiment une chose très saine vis-à-vis de trop de gens de notre industrie qui sont fortement axés sur le court terme, le trimestre ou même des échéances plus courtes. Cela dit, tous mes remerciements. Ici Christopher Davis pour Morningstar.

KM : Merci Chris.

CD : Merci.

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À propos de l'auteur

Christopher Davis

Christopher Davis  Christopher Davis est directeur de la recherche sur les gestionnaires à Morningstar Canada.