Cinq leçons qu’apportent les fonds à échéance cible pour nos portefeuilles

Les séries de fonds à échéancier ont été mises au point par des équipes de répartition d’actifs dotées d’importantes ressources et d’une vaste expérience. Vous devriez tirer profit de leurs connaissances.

Josh Charlson 6 août, 2019 | 7:15
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Les fonds à échéancier comptent parmi les meilleures innovations de l’industrie du point de vue des placements. Je suis impressionné par les fonds à échéance cible depuis que j’ai commencé à les étudier en 2009 au sein de l’équipe de Morningstar qui a lancé les premiers rapports et cotes de ces placements. Ces fonds réussissent à transformer un processus de placement hautement sophistiqué en produit extrêmement facile à utiliser pour l’investisseur moyen.

Toutefois, l’objectif de cet article n’est pas de vous persuader d’investir dans un fonds à échéance cible, mais plutôt de vous inculquer certains aspects des produits de ce type qui, selon moi, sont parmi les plus efficaces, qui en fait sont des éléments déterminants de leur succès, et de suggérer des façons selon lesquelles ceux d’entre nous qui gèrent leurs propres portefeuilles pourraient adapter ces techniques à leurs propres pratiques. Les séries de fonds à échéance cible dans les plus grandes firmes ont été mises au point par des équipes de répartition d’actifs dotées d’importantes ressources et d’une vaste expérience dans la recherche sur la retraite, la prévision des marchés des capitaux, la répartition d’actifs et la sélection des gestionnaires, et rien ne s’oppose à ce que vous tiriez profit de leurs connaissances, même si vous n’investissez pas directement dans leurs produits.

Cette liste n’est absolument pas exhaustive, mais je pense qu’elle souligne certains des enseignements les plus importants et tangibles que les investisseurs puissent retirer des fonds à échéance cible.

Première leçon : Investissez sans perdre de vue vos objectifs

Cela peut paraître évident, mais en réalité la plupart d’entre nous accumulent les placements au petit bonheur la chance, sans avoir une vue globale à vol d’oiseau de la manière dont nos actifs devraient être ventilés. Les gestionnaires des fonds à échéance cible renversent complètement cette proposition et posent d’emblée la question la plus importante et la plus épineuse qui soit : quel pourcentage du revenu qu’il touche dans la vie active un individu aura-t-il besoin de retirer de ses économies lorsqu’il sera à la retraite? Combien de temps cela devra-t-il durer, et quel est le meilleur investissement possible dans la vie active pour y arriver? – et ce pour générer les répartitions d’actifs utilisées au fil des diverses périodes d’une série de fonds à échéance cible (que l’on appelle, dans le jargon de l’industrie, une courbe de progression).

Certaines perspectives seront inévitablement intégrées à ces processus et expliqueront les différentes courbes de progression des fournisseurs de fonds à échéancier :  par exemple, un fournisseur pensera qu’il est plus important de mettre l’accent sur la préservation du capital à l’approche de la retraite, alors que pour un autre, ce sera la croissance du pécule qui aura la primeur à ce stade-là.

Peut-être ne disposez-vous pas des ressources nécessaires pour vous livrer à 10 000 simulations Monte Carlo sur votre portefeuille, mais en tant que particulier, vous avez un avantage par rapport aux sociétés de fonds à échéance cible. Alors qu’elles devront mettre au point des répartitions d’actifs qui seront potentiellement être applicables à des centaines de milliers, voire des millions de personnes, vous êtes votre seul client. Vous connaissez votre situation financière et ce que vous espérez de l’avenir, vous savez à quel point le risque vous gêne ou ne vous gêne pas, et vous avez en tête les objectifs financiers spécifiques pour lesquels vous devez économiser de l’argent. Cela ne veut pas dire que vous deviez nécessairement être précis à 100 %; la répartition d’actifs est autant un art qu’une science. Mais si vous commencez par poser les bonnes questions concernant vos objectifs financiers, votre tolérance au risque, etc., votre portefeuille franchira déjà une grande partie du chemin.

Deuxième leçon : Investissez dans les actions très tôt et souvent

C’est en quelque sorte un corollaire de la première leçon. La plupart des gestionnaires des fonds à échéance cible en sont arrivés à la conclusion que la meilleure façon d’aider leurs investisseurs à franchir l’écueil de l’épargne-retraite est d’affecter beaucoup d’argent aux actions quand ils sont encore jeunes. Les fonds les plus anciens de la série de fonds à échéance cible moyenne (ceux qui sont destinés aux investisseurs qui viennent d’entrer dans la vie active) détiennent 90 % dans les actions, et certains vont jusqu’à y investir la totalité de l’argent dont ils disposent. Même les fonds destinés aux investisseurs qui sont à 15 ans de la retraite ont tendance à pencher fortement vers les actions. C’est parfaitement normal, puisque les actions offrent des perspectives de rendements à long terme beaucoup plus élevées que les obligations, et bien qu’elles subissent parfois des baisses prononcées, le long délai dont disposent la plupart des investisseurs dans les fonds à échéancier les rend plus aptes à surmonter ces périodes-là.

Les investisseurs autonomes devraient être dans la même disposition d’esprit. Une fois que vous êtes passé par le stade de l’élaboration d’une répartition d’actifs dans le temps, essayez d’optimiser votre participation aux actions (dans les limites de votre tolérance au risque, votre capacité de le subir, et, bien sûr, vos objectifs et vos besoins). Cela s’avère d’autant plus juste si vous êtes à plus de 20 ans de la retraite. Toutefois, le chemin peut être cahoteux par moments, et les investisseurs susceptibles de devoir retirer de l’argent de leurs économies à court terme ne devraient pas oublier que pendant dix ans le marché vient de connaître une flambée historique, et qu’il y a peu de chances pour que cela se reproduise. 

Troisième leçon : Ajustez votre répartition d’actifs dans le temps

Un des aspects les plus géniaux des fonds à échéance cible est qu’ils prennent en charge beaucoup des tâches laborieuses et techniquement ardues associées à la gestion de portefeuille, notamment deux d’entre eux : le rééquilibrage et la rectification de la courbe de progression. Le rééquilibrage est important parce qu’avec le temps, alors qu’une sous-catégorie d’actifs a de bons résultats et qu’une autre reste à la traîne, vos affectations initiales vont être faussées. Les fonds à échéance cible rééquilibrent habituellement leur répartition d’actifs aux affectations initiales tous les mois, voire plus souvent, se fiant à la fois aux entrées d’argent provenant des investisseurs et de technologies transactionnelles sophistiquées pour faciliter le processus. Pour les investisseurs qui ont beaucoup de fonds, cet exercice peut être difficile, et il vaut probablement mieux réexaminer la situation une fois par an, en prévoyant des seuls relativement généreux pour rétablir les affectations à leur niveau initial (peut-être une variation de 10 % ou plus).

Les fonds à échéance cible s’engagent aussi dans une « rectification » annuelle de la courbe de progression, c’est-à-dire qu’ils rectifient graduellement l’équilibre entre les actions et les obligations dans le portefeuille de sorte que les investisseurs s’orientent vers des proportions qui conviennent à leur âge. Les investisseurs autonomes, quant à eux, trouveraient peu d’avantages (et probablement certains inconvénients) à ce que des changements aussi infimes aient lieu tous les ans. Mais il est tout de même important de reconnaître que la répartition d’actifs convenant à un individu donné change entre l’âge de 20 ans et de 50 ans, puis de 50 à 70 ans, et ainsi de suite, et il conviendrait donc qu’après quelques années nous déterminions si la répartition d’actifs d’origine tient encore debout ou si le moment est venu de procéder à des permutations.

Quatrième leçon : Diversifiez

Oui, la diversification s’est mal vendue ces dernières années, mais les gestionnaires des fonds à échéance cible ne rechignent pas à la diversification, et vous ne devriez pas non plus y être réticent. De fait, un des plus importants arguments de vente des fonds à échéance cible est leur accès aisé à de multiples catégories d’actifs, des obligations internationales aux actions des marchés émergents, de l’immobilier aux titres indexés à l’inflation, des obligations à rendement élevé à des catégories d’actifs souvent plus spécialisées. Bien que la diversification puisse souvent s’avérer douloureuse à court terme, ses avantages à longue échéance sont clairs, à la fois en théorie et en pratique.

Cinquième leçon : Maintenez le cap

Ce dernier point aborde ce qui est peut-être le plus gros avantage des fonds à échéance cible : leur impact positif sur le comportement des investisseurs. La plupart des catégories de fonds révèlent un espace négatif, qui correspond à la mauvaise synchronisation des investisseurs quand ils achètent et vendent des fonds. Les fonds à échéance cible, en revanche, produisent en moyenne des rendements plus élevés pour les investisseurs que le rendement total. Même en 2008, il y a eu peu d’efforts de la part des investisseurs pour retirer des actifs avant les échéances convenues. Nous ferions tous bien d’émuler le comportement que les fonds à échéance cible ont inculqué aux investisseurs. Établir un plan d’investissement diversifié et s’y tenir, y cotiser régulièrement et prêter aussi peu d’attention que possible au vacarme des marchés qui nous entourent est sans doute une formule gagnante, que nous investissions directement dans un fonds à échéance cible ou que nous appliquions les mêmes principes à notre propre portefeuille.                         

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À propos de l'auteur

Josh Charlson  Josh Charlson is a senior fund analyst with Morningstar.