Le rapport sur l'IPC montre d'autres bonnes nouvelles quant à l'inflation

Avec la baisse de l'inflation, la Banque du Canada aura probablement une marge de manœuvre pour réduire encore ses taux.

Vikram Barhat 13 septembre, 2024 | 1:00
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Le rapport de septembre sur l'indice des prix à la consommation au Canada devrait montrer une amélioration continue des pressions inflationnistes, ce qui permettra à la Banque du Canada de continuer à réduire ses taux d'intérêt.

Des données récentes montrent que l'inflation de l'IPC global continue à baisser en réponse aux mesures prises par la Banque du Canada l'année dernière pour maîtriser l'inflation avec de multiples hausses des taux d'intérêt. Bien que l'inflation ait reculé cette année, elle reste supérieure à la fourchette cible de la banque, ce qui rend les prochains chiffres de l'IPC plus significatifs pour les économistes et les investisseurs. La publication du rapport est prévue pour le 17 septembre.

« Nous nous attendons à ce que le rapport montre que l'inflation globale de l'IPC est tombée à l'objectif de 2,0 % de la Banque du Canada en août, contre 2,5 % en juillet », déclare Michael Davenport, économiste chez Oxford Economics. « Cela correspond globalement à la tendance sous-jacente à la baisse de l'inflation globale observée au Canada cette année. »

Lors de la dernière conférence de presse de la Banque du Canada, qui a suivi la troisième baisse consécutive des taux d'intérêt de la banque centrale, le gouverneur Tiff Macklem a fait savoir que d'autres bonnes nouvelles concernant l'inflation entraîneraient une nouvelle baisse des taux d'intérêt. « Si l'inflation continue de baisser globalement conformément à nos prévisions de juillet, il est raisonnable de s'attendre à de nouvelles baisses de notre taux directeur », a-t-il déclaré.

Quels sont les moteurs de l'inflation ?

L'IPC reflète les variations de prix auxquelles sont confrontés les consommateurs canadiens. Il suit ces fluctuations dans le temps en comparant les coûts d'un panier de biens et de services. Les données de l'IPC serviront d'indicateur clé de l'orientation de l'économie (et des marchés financiers).

L'inflation élevée des logements est le principal facteur qui empêche la banque centrale d'atteindre son objectif d'inflation de 2 %. L'impact de l'inflation des loyers et les coûts élevés des intérêts hypothécaires continuent de maintenir l'inflation globale à un niveau élevé.

« L'inflation du logement et celle des services ont été les deux facteurs les plus importants de l'inflation globale de l'IPC au Canada ces derniers temps », déclare M. Davenport, en se référant aux données de juillet. Il s'attend à ce que ce soit encore le cas en août. Toutefois, les coûts des intérêts hypothécaires pourraient diminuer de manière significative au cours des prochains mois, à mesure que les taux hypothécaires baissent, sous l'effet des réductions continues des taux de la Banque du Canada.

M. Davenport souligne également que la composante locative de l'IPC est en retard sur les loyers réels. « Des données plus récentes montrent que la croissance d'une année sur l'autre des loyers demandés s'est considérablement ralentie », déclare-t-il. « La croissance des loyers continuera probablement à ralentir à court terme, car l'amélioration de l'accessibilité au logement réduit la demande de location et la croissance de la population ralentit fortement, suite au plan du gouvernement fédéral de réduire les résidents temporaires à 5,0 % [contre 6,2 % en 2023] de la population totale du Canada, au cours des trois prochaines années. »

De plus, un taux de chômage plus élevé pourrait supprimer la composante des services de l'indice canadien des prix à la consommation. « Nous nous attendons à ce qu'un taux de chômage plus élevé dû à la faiblesse des embauches et à la poursuite d'une forte croissance de l'offre de main-d'œuvre tirée par l'immigration ralentisse la croissance des salaires, ce qui devrait contribuer à freiner l'inflation des services à forte intensité de main-d'œuvre », indique M. Davenport.

Le Canada va-t-il entrer en récession ?

Le cycle de baisse des taux en cours à la Banque du Canada continuera d'influencer l'inflation dans les mois à venir. Peut-on dire que le risque de récession est écarté ?

Selon M. Davenport, les hausses de taux agressives de la Banque du Canada en 2022 et 2023 continuent de peser sur l'économie canadienne et augmentent le risque de récession. « Sans la poussée démographique due à l'immigration au cours des deux dernières années, le Canada aurait probablement déjà sombré dans une légère récession », déclare-t-il. « Bien que les probabilités de récession aient diminué depuis que la Banque du Canada a commencé à réduire ses taux, nous ne pensons pas que l'économie soit encore sortie d'affaire. »

En effet, la politique monétaire affecte généralement l'économie avec un retard considérable. En outre, M. Davenport note qu'une confluence de facteurs, notamment des taux hypothécaires plus élevés, des chiffres de l'emploi plus faibles et une croissance démographique ralentie, continueront à freiner la croissance économique en 2025.

Risques pesant sur les perspectives d'inflation

Certains facteurs pourraient compromettre la reprise économique au Canada et alimenter l'inflation, court-circuitant ainsi le cycle d'abaissement des taux de la Banque du Canada.

« Les principaux risques qui pèsent sur les perspectives d'inflation sont une forte hausse des prix de l'énergie et une réactivation des problèmes de la chaîne d'approvisionnement mondiale en raison d'une recrudescence des tensions géopolitiques, que ce soit au Moyen-Orient ou dans la guerre entre la Russie et l'Ukraine », souligne M. Davenport. Parmi les autres obstacles potentiels figurent des marchés du travail plus dynamiques que prévu, qui pourraient maintenir la croissance des salaires à un niveau élevé et empêcher un ralentissement de l'inflation dans le secteur des services.

Les développements politiques aux États-Unis, notamment « une présidence Trump et l'imposition de tarifs douaniers à la Chine et aux autres grands partenaires commerciaux de l'Amérique, y compris le Canada, pourraient également entraîner une hausse de l'inflation, mais probablement pas avant 2026 », indique M. Davenport.

D'un autre côté, il existe un réel danger qu'une chute brutale de l'inflation soit déclenchée par l'imminence des paiements élevés de taux hypothécaires. Une telle situation pourrait inciter les Canadiens à resserrer les cordons de leur bourse, ce qui entraînerait un ralentissement économique plus large, susceptible d'accroître le risque de récession.

« Le plus grand risque de baisse de l'inflation est un ralentissement plus marqué des dépenses de consommation, la vague de renouvellements de prêts hypothécaires à des taux d'intérêt plus élevés poussant les ménages très endettés à réduire leurs dépenses discrétionnaires », affirme M. Davenport.

Ce que les investisseurs doivent surveiller

Si les facteurs sous-jacents qui ont alimenté l'inflation dans un passé récent se sont atténués, les préoccupations futures seront liées au commerce, selon Markus Muhs, gestionnaire de portefeuille senior et planificateur financier chez Muhs Wealth Partners, CG Wealth Management.

Le Canada est engagé dans un conflit commercial avec la Chine au sujet des véhicules électriques, après avoir imposé des droits de douane élevés sur les VE, l'acier et l'aluminium chinois afin de protéger les industries nationales. Toutefois, ces droits de douane pourraient faire augmenter les prix à la consommation des VE au Canada à court terme et accroître les coûts pour les entreprises canadiennes. Le risque de représailles de la part de la Chine et d'un conflit commercial plus large pourrait avoir un impact plus important.

Face à ces incertitudes, les planificateurs financiers ajustent leurs prévisions d'inflation. « Nous prévoyons une inflation de 2,2 % pour l'avenir, ce qui représente une légère augmentation par rapport à ce que nous avons utilisé dans le passé », explique M. Muhs.

Compte tenu de cette évolution, comment les investisseurs canadiens doivent-ils ajuster leurs portefeuilles pour s'adapter à l'environnement actuel ?

« Je ne pense pas que les investisseurs devraient prendre des mesures pour modifier le positionnement de leurs portefeuilles à moins qu'ils ne soient déjà correctement diversifiés », déclare M. Muhs. « Posséder des actions des principales entreprises mondiales sur le long terme nous expose à des revenus futurs en dollars gonflés, ce qui est certainement mieux que de posséder des investissements qui ne paient qu'un taux d'intérêt fixe [comme les obligations] en dollars actuels. »

Toutefois, les investisseurs doivent être conscients que les avantages à long terme de la détention d'actions prennent souvent du temps à se matérialiser et qu'ils peuvent ne pas être immédiatement visibles pendant les périodes de forte inflation. « D'une manière générale, je déconseille aux investisseurs de consacrer une trop grande partie de leur portefeuille à des placements en dollars fixes (obligations, CPG, liquidités sur un compte d'épargne) lorsqu'ils ont besoin d'un placement à long terme », explique M. Muhs.

 

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